martes, 26 de febrero de 2013

Poemas en francès

Même Féerie
Paul Valéry (1871-1945)

La lune mince verse une lueur sacrée,
Comme une jupe d'un tissu d'argent léger,
Sur les masses de marbre où marche et croit songer
Quelque vierge de perle une gaze nacrée.

Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
De carènes de plume à demi lumineuse,
Sa main cueille et dispense une rose neigeuse
Dont les pétales font des cercles sur les eaux.

Délicieux désert, solitude pâmée,
Quand le remous de l'eau par la lune lamée
Compte éternellement ses échos de cristal,

Quel coeur pourrait souffir l'inexorable charme
De la nuit éclatante au firmament fatal,
Sans tirer de soi-même un cri pur comme une arme?

 
Le bois amical
Paul Valéry (1871-1945)

Nous avons pensé des choses pures
Côte à côte, le long des chemins,
Nous nous sommes tenus par les mains
Sans dire... parmi les fleurs obscures;

Nous marchions comme des fiancés
Seuls, dans la nuit verte des prairies;
Nous partagions ce fruit de féeries
La lune amicale aux incensés

Et puis, nous sommes morts sur la mousse,
Très loin, tout seuls parmi l'ombre douce
De ce bois intime et murmurant;

Et là-haut, dans la lumière immense,
Nous nous sommes trouvés en pleurant
Ô mon cher compagnon de silence

L'enfant sauvage
Robert Sabatier (1923 - )

Au dernier rang de la classe un rebelle
Voit de l'automne une langue rougeâtre
Lécher la vitre. II coulera du sang
Dam la ruelle où roulent des oranges.

Un livre ouvert vale dans un bruit d'ailes.
Le doigt dans l'encre il dessine des monstres
Sur le bois sombre où les noms sont gravés
D'écoliers endormis dans le temps.

Une rature un imtant le rassure
Car il y voit les cris verts d'herbes folles.
Il vagabonde en lui-même, il se livre
À des exploits d'empereur cosmonaute.

Il peint sa joue avec de l'encre mauve
Et des tribus indiennes le rejoignent.
Cet inventeur d'autres cosmogonies
Sera puni de chérir sa durée.

Quel est le mot qui déchire les lèvres,
Fait éclater les louanges perclues?
Printemps, Printemps... répète le barbare,
Printemps, Printemps, comme on appelle un tigre.

Rien ne répond. Naguère un bonnet d'âne
Et le vainqueur était qui le portait,
Mâchant sa gomme et rêvant de vengeance
Au coin fleuri de toiles d'araignées.

Crisse la page au rythme des dictées.
Las d'ânonner de vieilles montgolfières,
L 'enfant s'envole au-dessus de la ville
Pour se brûler les ailes au soleil.

 Blason du sein
Maurice Scève (1500-1562)

L'haut plasmateur de ce corps admirable,
L'ayant formé en membres variable
Mit la beauté en lieu plus éminent,
Mais pour non clore icelle incontinent,
Ou finir toute en si petite espace,
Continua la beauté de la face
Par une gorge ivoirine et très blanche,
Ronde et unie, en forme d'une branche,
Ou d'un pilier qui soutient ce spectacle,
Qui est d'amour le très certain oracle.
Là où j'ai fait par grand dévotion
Maint sacrifice, et mainte oblation
De ce mien coeur, qui ard sur son autel
En feu qui est à jamais immortel,
Lequel j'arrose, et asperge de pleurs
Pour eau benoîte et, pour roses et fleurs,
Je vais semant gémissements et plaints
De chants mortels environnés, et pleins,

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